Il sera l’une des attractions la saison prochaine, Dylan St. Cyr, le portier américain champion du monde U18 avec Team USA en 2017, a fait le choix de quitter l’Amérique du Nord afin de rejoindre le Pays Basque et l’Hormadi dès le mois d’août. Fils de Manon Rhéaume, première femme qui a évolué dans la NHL, Dylan possède une histoire particulière en plus d’avoir du talent. Entretien exclusif avec notre futur gardien et numéro 37 angloy.

Dylan St. Cyr à Michigan State (NCAA).

Tu connaîtras ta première expérience en dehors du continent nord-américain la saison prochaine, as-tu une forme d’appréhension de quitter le pays ?

Dylan St. Cyr : « Je suis déjà allé en Europe à plusieurs reprises pour participer à des tournois internationaux notamment, donc je ne dirais pas que j’appréhende nécessairement de jouer au hockey en dehors de l’Amérique du Nord. Cependant, c’est certainement la première fois que je vais vivre en dehors des États-Unis. Je dirais plutôt que je suis vraiment très enthousiaste à l’idée de déménager et que j’ai hâte de m’immerger dans une toute nouvelle culture. »

 

Tu sors de 5 bonnes saisons en NCAA (meilleure ligue universitaire américaine), avec des passages à Notre Dame, Quinnipiac et Michigan State, trois universités réputées aux États-Unis, comment juges-tu ta progression au cours de ces 5 années ?

Dylan St. Cyr : « Le parcours était vraiment unique. Être gardien de but à l’université, peut être difficile si l’on n’est pas le titulaire, car le calendrier permet à un seul gardien d’assumer la majeure partie des matchs. Cela dit, je crois que tous les revers que j’ai rencontrés à l’université m’ont permis de grandir non seulement en tant que joueur de hockey, mais aussi en tant que personne. J’ai vécu une expérience formidable dans chacune de mes destinations, et je suis très heureux de sortir de ma meilleure saison à Michigan State. »

Dylan St. Cyr lors de ses débuts en AHL avec les Griffins Grand Rapids.

En fin de saison dernière, tu es appelé en AHL par les Griffins Grand Rapids, le club école de Détroit, avec qui tu as réalisé un blanchissage notamment, que retiens-tu de cette expérience et quel sentiment apparaît lorsqu’on passe de la NCAA au monde professionnel et l’AHL ?

Dylan St. Cyr : « Eh bien, c’était vraiment une expérience amusante et je me suis retrouvé dans cette atmosphère. Je suis entré en jeu à la moitié du match en remplacement de l’autre gardien, ce n’est donc pas comme ça que l’on résume sa première expérience professionnelle, mais je me suis senti chanceux d’avoir pu prendre part au match. La différence entre l’AHL et la NCAA était clairement perceptible, surtout à l’entraînement. Je pense que cette exposition m’a aidé à mettre en perspective les points que je dois améliorer pour jouer à ce niveau. »

En 2017, tu es sacré médaillé d’or et champion du monde U18 avec l’équipe nationale des États-Unis, c’est quelque chose d’unique pour un jeune joueur à cet âge-là, peux-tu nous raconter cette belle épopée et quels souvenirs gardes-tu dans ta mémoire ?

Dylan St. Cyr : « Ce fut sans aucun doute l’un des moments les plus excitants de ma carrière de hockeyeur. Même si j’étais jeune, le chemin parcouru par notre équipe pour remporter ce championnat est ce qui l’a rendu si gratifiant. La première année, nous n’avons remporté aucun de nos trois tournois internationaux et avons été considérés comme la pire équipe de l’USNTDP (United States National Development Program) à avoir suivi le programme. La transition vers notre deuxième année a été passionnante, car notre objectif était de remporter la médaille d’or lors de notre dernier tournoi de l’année. Passer un mois en Slovaquie et gagner ce tournoi à ce niveau, a été l’une des expériences les plus enrichissantes de ma carrière de hockeyeur à ce jour. »

Quinn Hughes (à gauche) et Dylan St. Cyr (au centre) lors du sacre de Team USA en 2017.

Tu avais également été le meilleur gardien de cette compétition, avec comme backup un certain Cayden Primeau (actuel gardien chez les Canadiens de Montréal), tu évoluais aux côtés de noms connus de la NHL comme Quinn Hughes ou Brady Tkatchuk, est-ce que le fait de voir ces joueurs-là performer en NHL, te laisse un goût amer de ne pas avoir été repêché ?

Dylan St. Cyr : « Je pense qu’à l’époque, c’était un peu frustrant, mais avec le temps, j’ai continué à réaliser à quel point la taille est un facteur déterminant pour atteindre le niveau supérieur, en particulier à mon poste. Le chemin que j’ai emprunté m’a apporté beaucoup de bien, et je pense que les autres facteurs liés à ma taille et au fait de ne pas avoir été repêché sont des choses que je ne peux pas contrôler et qui m’ont bien servi de motivation et qui continueront de me servir de motivation pour la suite. »

Dylan St. Cyr arborant le chandail de son équipe nationale américaine.

Tu porteras donc les couleurs de l’Hormadi la saison prochaine, pourquoi ce choix de venir en France et à Anglet ?

Dylan St. Cyr : « Eh bien, après cette dernière saison, j’ai senti, pour les mêmes raisons que celles que j’ai évoquées dans la dernière question, que mon parcours professionnel serait mieux adapté en Europe. La France, et Anglet en particulier, semble être un endroit extrêmement attrayant pour vivre et m’immerger dans une nouvelle culture. C’est une excellente occasion de commencer ma carrière professionnelle à l’étranger. »

Un gardien de petite taille comme toi fait toujours parler, surtout avec une histoire particulière comme la tienne, quel style de gardien es-tu dans tes filets ?

Dylan St. Cyr : « Je pense qu’il y a des domaines sur lesquels je me concentre pour compenser mon manque de taille. Mon patinage et ma capacité à manier le palet sont des aspects cruciaux sur lesquels je m’appuie pour faire la différence sur la glace, en plus de ma compétitivité. »

Le fait d’avoir une mère qui s’appelle Manon Rhéaume, mondialement connu dans le hockey sur glace pour avoir été la première femme à évoluer dans la NHL, te rajoute une forme de pression supplémentaire ?

Dylan St. Cyr : « Non, je ne pense pas que cela ajoute une quelconque pression. C’est vraiment passionnant de voir l’impact qu’elle a eu, et qu’elle continue d’avoir, sur le hockey. Cela dit, nous sommes deux personnes différentes avec des parcours différents, et j’ai l’intention d’avoir mon propre impact sur le jeu à ma façon. »

Dylan St. Cyr aux côtés de Manon Rhéaume (sa mère), première femme a avoir évolué en NHL, vice-championne olympique, double championne du monde avec le Canada.

Est-ce un exemple pour toi sur la glace et en dehors, t’encourage-t-elle dans ce nouveau challenge et cette nouvelle vie que tu vas connaître ?

Dylan St. Cyr : « Mes deux parents m’ont soutenu à leur manière dans ma carrière de hockeyeur, compte tenu de leur propre expérience dans ce domaine. J’ai la chance qu’ils ne soient pas autoritaires, ce qui me permet de prendre des décisions par moi-même, tout en les consultant en cas de questions. »

Va-t-elle venir te rendre visite durant la saison, bien qu’elle soit très occupée dans son nouveau job chez les Kings de Los Angeles?

Dylan St. Cyr : « Oui bien sûr, elle prévoit de faire un voyage cette saison afin de venir me rendre visite. »

Te conseille-t-elle à tant qu’ancienne gardienne de but, même si le hockey a bien changé depuis son époque ?

Dylan St. Cyr : « Honnêtement, elle ne s’est pas beaucoup occupée de moi, surtout ces dernières années, car je me sens à l’aise dans ma carrière de hockeyeur. Mais, comme je l’ai dit, elle est toujours disponible pour me consulter en cas de besoin. »

La médaille d’or autour du cou de Dylan St. Cyr.

Quels sont tes objectifs avec l’Hormadi la saison prochaine ?

Dylan St. Cyr : « Je dirais que le fait d’être une équipe qui a une bonne culture et qui aime être sur la patinoire est probablement la chose la plus importante à mes yeux. Je dirais que cela jette les bases de tous les objectifs mesurables que nous voulons atteindre cette saison. »

Connais-tu quelques joueurs qui, eux aussi, ont signé à Anglet la saison prochaine, on peut penser notamment à des joueurs en provenance de NCAA comme toi ?

Dylan St. Cyr : « Je ne connais personnellement personne dans l’équipe, mais je dirais qu’il y a quelques gars avec des amis communs. J’ai été en contact avec certains d’entre eux. J’ai regardé un petit peu l’effectif, il est de qualité, j’ai hâte de rencontrer les gars en personne. »

Ton français s’est-il amélioré depuis ta signature ?

Dylan St. Cyr : « Haha (rires), je vais chercher à travailler mon français pendant la saison. Même si c’est différent, j’ai des antécédents canadiens-français qui, je l’espère, me serviront de base pour apprendre la langue en France et m’y adapter. »

Notre tout nouveau portier américain Dylan St. Cyr.

Pour conclure, aurais-tu un petit mot pour les fans qui ont hâte de te découvrir ?

Dylan St. Cyr : « Je dirais simplement que je suis ravi de m’installer à Anglet, je suis impatient, la saison morte est assez longue, ça me tarde de porter mes nouvelles couleurs et j’espère que nous pourrons offrir un produit excitant sur la glace aux fans ! »

Recueilli par Matthieu Lalanne et Anaïs Domengie…